26 juillet 2007

Obésité : c'était donc bien une épidémie ?!

© Jan Saudek

Fuyez les obèses... ils sont contagieux ! C'est ce que semble véhiculer, en substance, l'annonce des résultats d'une étude américaine publiée hier (voir Google Actualités, par exemple). Le communiqué de presse de départ, pour qui l'aurait raté :
L'inactivité et l'excès de nourriture ne sont pas les seuls responsables de l'obésité. Fréquenter des personnes obèses pourrait également conduire à l'obésité, selon une étude publiée mercredi aux Etats-Unis.

Une personne ayant un ami obèse a 57% plus de risques de devenir obèse lui-même qu'une personne n'ayant pas d'obèses dans son entourage, selon cette étude publiée par le New England Journal of Medicine (NEJM).

Pour arriver à leurs conclusions, James Fowler de l'Université Harvard et Nicholas Christakis de l'Université de Californie à San Diego ont étudié un réseau de 12.067 amis et parents entre 1971 et 2003, vérifiant leur poids durant ces 32 ans.

Ils ont découvert que la prise de poids chez une personne entraînait une prise de poids chez un proche.

Les chercheurs jugent "plausible" qu'il existe des "zones du cerveau correspondant à l'action de manger qui soient stimulées si cette action est observée chez d'autres".

Si un frère ou une soeur devient obèse, le risque pour l'autre frère ou soeur de devenir obèse augmente de 40%. Dans un couple, si l'un des deux partenaires devient obèse, le mari ou la femme a 37% plus de risques de devenir obèse à son tour. Dans les couples homosexuels, le risque est encore plus élevé, ont noté les chercheurs.

Mais les chercheurs ont également remarqué qu'une personne qui mange sainement et fait de l'exercice a de la même manière un effet d'entraînement sur son entourage.

Le NEJM rappelle que plus d'un tiers de la population américaine est en surpoids et que 60 millions d'Américains adultes sont obèses.

Donc, en gros, le docteur Christakis croit que l'obésité peut se répandre dans un cercle social parce que l'embonpoint devient alors la norme, et que les membres de ce cercle adopteront des habitudes alimentaires et de vie similaires. Allons bon ! Une fois encore, on fait dire aux chiffres ce que l'on veut bien leur faire dire. Avoir mené cette enquête au moment même où les Etats-Unis devenaient le pays le plus peuplé d'obèses de la planète, n'est-il pas en soi un fait suffisant qui justifie que les gens obèses ont forcément des gens obèses dans leur entourage, sans chercher à tirer des conclusions douteuses visant peut-être à justifier le terme d'épidémie employé depuis quelques années concernant le surpoids ?

Toujours est-il que cette étude montre du doigt des millions de gens, les désignant comme responsables, au moins partiellement, de l'engraissement de leurs congénères. Quid de la société de consommation ? Quid des régimes qui font grossir à long terme ? Nada, apparemment. Cette étude exprime aussi la crainte de la normalisation de la grosseur, en cherchant à la stigmatiser une bonne fois pour toutes, avec des sabots gros comme moi, et le refus du corps gros comme une corpulence admissible au même titre que toutes les corpulences. Le refus des différences, en somme. Espérons donc que cette étude ne fera date que dans le registre de la bêtise des statistiques, et non dans celui de l'image des gros dans la société.

25 juillet 2007

Lucian Freud : la vérité toute nue

© Lucian Freud

Lucian Freud, peintre britannique connu essentiellement pour ses portraits et, surtout, ses nus, donne à voir les corps dans leur vérité, en rendant le réalisme des détails les plus crus, ou les plus cruels. Les gros ne sont pas son sujet unique, mais il en a peint un certain nombre. Petite galerie d'effusions du corps gros, vu par Lucian Freud...

© Lucian Freud

© Lucian Freud

John Coplans : l'autoportrait sans concession

© John Coplans

Wilfried, du blog Me, Myself and I (You?), note en commentaires que les peintures d'Alexei Biryukoff, évoquées ici même il y a quelques jours, lui "font penser aux travaux de John Coplans (Pour le fond) et de Lucian Freud (Pour la forme ?)". La parenté est indéniable, en effet : l'occasion pour moi d'évoquer ces deux artistes. :) (Pour Lucian Freud, voir ici.)

John Coplans, tout d'abord, photographe britannique qui a, de 1984 à 1997, dressé son autoportrait d'homme vieillissant et bedonnant, sans concession, restituant ainsi une réalité sans fard mais riche d'humanité et de profondeur... de solitude, aussi ?..

© John Coplans

Les aventures de Superfatwoman et Big Beautiful Wonder Woman à Paris

David Gouny fait des siennes en vidéo maintenant : je viens de le découvrir par hasard en allant faire mon petit tour régulier sur son site. Pour suivre les aventures de Wonderfatwoman et Big Beautiful Wonder Woman à Paris, hop, on clique :)).





24 juillet 2007

Sarah Jane Szikora : la ronde des contrastes

Nude Food, giclée- © Sarah Jane Szikora

L'artiste anglaise Sarah Jane Szikora aime marier les contrastes, en peignant et sculptant des gens hors normes, très gros ou très minces, dans un style naïf bourré d'humour et de tendresse.

Gasp!, sculpture - © Sarah Jane Szikora

Elle dit de son travail qu'elle souhaite "promouvoir l'idée d'une société bienveillante dans laquelle les gens, les femmes en particulier, sont des personnes positives ayant confiance en elles-mêmes, en paix avec leur corps".

Elle dit aussi que, si elle prend son travail très au sérieux, elle souhaite avant toute chose susciter de notre part quelques sourires. Pari gagné, non ? :)

Bon nombre d'oeuvres de Sarah Jane Szikora sont à voir aussi ici.

Gloria's Beauty Spot, lithographie - © Sarah Jane Szikora

21 juillet 2007

"La Grosse Fille" de Roxane Robin

Roxane Robin a autoproduit une chanson entraînante, tube en puissance tant elle trotte dans la tête une fois qu'on l'a écoutée, La Grosse Fille, dont elle parle en ces termes : "Cette chanson est dédiée a toutes les filles, elle ne fait pas l'apologie de la grosseur ou de la maigreur, juste une chanson qui dit que lorsqu'on est une fille ce n'est pas facile, tout simplement".

Pour l'instant écoutable uniquement sur MySpace, La Grosse Fille sera le premier single du futur album de Roxane Robin, si elle parvient à le sortir. En attendant, un clip illustrant le morceau a été réalisé par Nathalie de Médrano, un clip à l'image de la chanson : plein de pêche et d'ondes positives.

Le clip :



Le making-of :


20 juillet 2007

Avant/Après... Quoi ?

Avant... Après glastroplastie... Après acceptation de soi

Qu'est-ce qui change, au fond, entre le moment où l'on commence à se trouver grosse, celui où l'on décide de maigrir d'une manière ou d'une autre, et celui où l'on accepte enfin le corps hors norme qui s'impose à nous malgré nous ? Plein de choses... hormis le poids, 95 % des régimes étant des échecs à moyen et long terme. Maigrir, c'est facile. Ne pas reprendre le poids perdu, c'est impossible pour 95 % d'entre nous. Déprimant, sans doute, pour celles qui n'ont pas encore admis le fait qu'elles pouvaient être rondes et séduisantes à la fois.

J'aime bien ce dessin, trouvé au hasard du net (et dont je ne connais pas l'auteur), car il est criant de vérité : avant la tentative d'amaigrissement, le doute ; pendant la tentative en question, l'horreur et la fatigue de la privation, sans l'amaigrissement escompté sur la durée ; après l'acceptation de soi dans ses rondeurs, l'éclosion d'une nana rayonnante. :)

RifRaf : la générosité des courbes

Shyly - © RifRaf

RifRaf est un peintre néo-zélandais. Son travail, il le décrit comme figuratif mais toutefois pas vraiment réaliste, quoique pas complètement abstrait non plus. Son thème de prédilection ? Les dames en chair et en chair, bien sûr, qu'il dit aimer peindre en réaction à l'image faussée et aux "foutaises" que les médias d'aujourd'hui véhiculent sur la femme. Il dit aussi de ses oeuvres qu'elles célèbrent la beauté et la force qui caractérisent les femmes, et qu'elles constituent la preuve qu'il n'est pas nécessaire de faire une taille 38 pour se sentir forte, bien dans sa peau et désirable.

Vous le croyez ? Moi, oui. Je le vis. :)

RifRaf, entouré de deux de ses tableaux

BBWW : Big Beautiful Wonder Woman

© Meng

Même les super héroïnes engraissent de nos jours - la preuve : le Fat Wonder Woman blog ! :) Mis sur pied il y a plus d'un an par le dessinateur américain de comics hip-hop Jamar Nicholas, ce blog recense et expose une kyrielle de grosses Wonder Women, croquées par autant de dessinateurs. Un régal pour les amateurs de courbes, donc : après la BBW (Big Beautiful Woman), la BBWW (Big Beautiful Wonder Woman) - on n'arrête pas le progrès (du sigle et de la graisse réunis) ! :)


19 juillet 2007

Olivia Ruiz : la femme chocolat, à croquer sans modération


La Femme chocolat d'Olivia Ruiz, on ne s'en lasse pas, même si on l'entend sur toutes les ondes depuis des mois : il est donc temps pour moi de répertorier ici le clip et les paroles de cette chanson (de) gourmand(e) qui évoque les rondeurs féminines. Un univers onirique rondement magnifique, aussi bien dans le texte et la musique de Mathias Malzieu (chanteur du groupe Dionysos) que dans les images du clip, qui ne sont pas sans rappeler le petit monde d'un Tim Burton mâtiné de Michel Gondry (mais je n'ai pas trouvé qui était le réalisateur - peut-être Mathias Malzieu ?), sans oublier la jolie voix si particulière d'Olivia Ruiz. A voir et à revoir, une plaque de chocolat à portée de bouche, pour le plaisir... de tous les sens. :)



Taille-moi les hanches à la hache
J'ai trop mangé de chocolat
Croque moi la peau, s'il-te-plaît
Croque moi les os, s'il le faut

C'est le temps des grandes métamorphoses

Au bout de mes tout petits seins
S'insinuent, pointues et dodues
Deux noisettes, crac! Tu les manges

C'est le temps des grandes métamorphoses

Au bout de mes lèvres entrouvertes
pousse un framboisier rouge argenté
Pourrais-tu m'embrasser pour me le couper...

Pétris-moi les hanches de baisers
Je deviens la femme chocolat
Laisse fondre mes hanches Nutella
Le sang qui coule en moi c'est du chocolat chaud...

Un jour je vais m'envoler
A travers le ciel à force de gonfler...
Et je baillerai des éclairs
Une comète plantée entre les dents
Mais sur terre, en attendant
Je me transformerai en la femme chocolat...

Taille-moi les hanches à la hache
J'ai trop mangé de chocolat...

© Mathias Malzieu

Barbie prend des kilos à la Biennale de Venise

Fat Barbie, András Kállai, 2006 - Terre cuite, plastique

András Kállai, jeune artiste hongrois installé à Londres, s'est fait remarquer cette année à la Biennale de Venise, avec sa Fat Barbie. Son intention (traduite par mes soins) est la suivante :
Toutes mes oeuvres sont le résultat d'un processus de création intuitif, que cela soit sur le plan de leur sujet ou sur celui du mode de leur réalisation.

C'est toujours après coup que je suis en mesure d'identifier mon mode opératoire et ses sources : en l'occurrence, une attirance pour l'art primitif, pour les représentations de Vénus, pour les compositions bâties à partir de poupées et de jouets usagés ou de poupées Barbie. Ainsi, c'est d'abord l'oeuvre qui s'impose - spontanément ou par hasard - et l'idée, le sujet, apparaît dans son sillage, parfois immédiatement et parfois bien plus tard.

Je tiens à mettre l'accent sur cet état de fait car les poupées Barbie se sont imposées à moi par hasard. Si ce personnage est apparu dans toutes mes compositions de jouets précédentes, je ne lui avais jusqu'à présent toutefois pas accordé davantage d'importance qu'aux autres jouets débiles et grotesques que j'ai utilisés. Pourtant, tandis que deux de mes centres d'intérêt se rejoignaient - à savoir le recours à l'art primitif et l'emploi de jouets contemporains dans mes oeuvres -, j'ai réalisé que je faisais appel à deux idoles, à deux images radicalement différentes de la femme, l'une étant Vénus, au service de la fertilité, et l'autre, Barbie, au service de l'infertilité !

Ma scupture Fat Barbie est le résultat, la première forme finie, de la rencontre de ces deux idoles.

Je cherche à représenter la poupée Barbie dans certaines situations, en recourant à des symboles simples. Les oeuvres qui sont nées de ce concept peuvent, au premier abord, sembler scabreuses, voire prêter à sourire, mais j'ai l'espoir qu'elles interpellent.

18 juillet 2007

Le blog d'une grosse, en bédé

© Cathy B., 2007

Cathy, la petite trentaine, raconte depuis le 1er juillet ses aventures de grosse dans un blog bédé talentueux qui ne manque ni d'humour, ni de férocité, ni d'auto-dérision. On attend la suite avec impatience. :)

http://blogdunegrosse.blogspot.com/

17 juillet 2007

Alexei Biryukoff : hypertrophie du mâle

nude #5, 160x200 cm, huile sur toile, 2004 - © Alexei Biryukoff

Le Russe Alexei Biryukoff, qui dit de lui-même sur son blog qu'il "a toujours essayé d'élargir l'image du monde, tout en luttant pour que les choses demeurent minimales et simples", est un artiste tous azimuts, à la fois peintre, photographe et musicien. En peinture, il s'intéresse beaucoup depuis 2003 à la représentation d'hommes gros, principalement des nus au physique qui ne doit pas déplaire aux gays amateurs de bears, ces homos au look "nounours". Alexei Biryukoff a initialement démarré cette série de tableaux pour un projet d'art conceptuel intitulé Naked Loneliness, mené en collaboration avec son confrère Dmitriy Onischenko et censuré par la municipalité russe de Barnaul suite au scandale suscité, auprès de certains esprits chagrins, par la trop grande liberté d'esprit des deux artistes.

nude #12, 150x100 cm, huile sur toile, 2004 - © Alexei Biryukoff

Biryukoff ne cherche pas à embellir la réalité. Bien plutôt, il restitue dans toute leur splendeur la fragilité des trop-pleins de chair, le grisonnement des poils, la solitude des corps sans décor. Il traque le détail minimal dans ces corps monumentaux, donnant à voir l'intime, hypertrophié, touchant, bouleversant d'expressionnisme parfois jusque dans les détails d'un pied égaré en gros plan...

nude #3, 140x120 cm, huile sur toile, 2004 - © Alexei Biryukoff

16 juillet 2007

Fatworld : le meilleur des mondes, obèse ?

Un nouveau jeu, dont la sortie est prévue en ligne pour le début de l'automne 2007, est actuellement en préparation aux Etats-Unis : Fatworld. Ce jeu, à vocation didactique, est présenté de la manière suivante (en anglais) sur le site de la société Persuasive Games, spécialisée dans l'advergaming et chargée de son développement :
Fatworld est un jeu de politique nutritionnelle qui explore les relations entre l'obésité, la nutrition et les facteurs socio-économiques dans le contexte des Etats-Unis d'aujourd'hui.

Le principe du jeu consiste à créer un monde, à concevoir un personnage et à vivre une vie en accéléré dans ce monde. Dans Fatworld, vous pourrez élaborer des menus et des recettes, décider ce qu'il convient de manger et ce qu'il vaut mieux éviter, faire de l'exercice (ou ne pas en faire) et tenir un restaurant dans lequel les autres habitants de la ville pourront venir manger.

En choisissant les habitudes de votre personnage en matière de diététique et d'exercice, vous subirez les contraintes liées à vos comportements alimentaires et à votre budget tout en expérimentant leur influence sur la santé globale de votre personnage. Germe de blé et soja ? Ou bien poulet pané frit à chaque repas ? Quel est votre budget nourriture et quel en est l'impact sur votre santé ?

En tant qu'habitant de Fatworld, vous pourrez choisir votre poids et votre état de santé de départ, notamment certaines prédispositions concernant des affections telles que le diabète, les maladies cardio-vasculaires ou les allergies alimentaires. Vous pourrez concevoir votre menu quotidien à partir de centaines d'ingrédients et de recettes fournis avec le jeu, ou bien en y intégrant les vôtres, que vous pourrez partager en ligne avec vos amis. Vous pourrez aussi faire de l'exercice, simplement en marchant, ou en pratiquant une multitude de mini-jeux d'exercice physique. Vous pourrez en outre tenter d'influencer les politiques publiques en vous rendant au Govern-O-Mat ou, si vous pouvez vous le permettre financièrement, faire un bilan de santé de votre personnage, au Health-O-Mat.

Fatworld, actuellement en cours de développement, sera disponible au début de l'automne 2007. Le jeu est un projet Electric Shadows d'ITVS, commandé par iTVS, PBS et la Corporation for Public Broadcasting (NDT : diverses chaînes de télévision américaines à but non lucratif).
Et la présentation, lapidaire, sur le site du projet Electric Shadows :
Un jeu vidéo sur la nourriture, l'obésité et la politique nutritionnelle ; grossissez, restez en bonne santé, ou bien mourez — dans FATWORLD, c'est vous qui décidez.
Eh oui. C'est nous qui décidons, c'est bien connu ! *soupir* Si tout était simple et arithmétique comme semble l'être ce jeu vidéo, ça ferait longtemps que ça se saurait.

Le but du jeu, commandé par des chaînes de télévision non commerciales, est évidemment de faire en sorte que les jeunes Américains apprennent à mieux se nourrir et à bouger davantage. Mais je crains fort que la méthode soit des plus maladroites. C'est aussi à être toujours dans le contrôle de la bouffe que l'on devient gros. Il y a en outre ceux qui, aux Etats-Unis en tout cas, de plus en plus nombreux, peut-être par ras-le-bol des messages sanitaires alarmistes et simplistes, décident de prendre le contre-pied et de grossir sciemment (les gainers) : de ce point de vue, Fatworld n'est-il pas à double tranchant ? Avec ce jeu, enfin, on pourrait croire que l'on fait ce que l'on veut de son corps, que l'on peut le façonner durablement selon des recettes simples : je ne sais s'il faut en rire ou en pleurer ! :)

Pour moi, ce jeu semble avoir des relents de Meilleur des mondes. Et ça fait froid dans le dos.

14 juillet 2007

La Branleuse magnifique

Illustrations de David Gouny ©

Je suis née clitoridienne, ascendant anale, et c’est avec le majeur de ma main droite que, journellement, j’écris mon horoscope en cercles concentriques méticuleux et précis sur mon moignon phallique d’onaniste femelle, triturant mes tétons bandés gorgés de sang, passant sur mes lèvres le bout de ma langue dardée, yeux fermés sur la cérébrale projection privée des divines tortures qui, invariablement, me propulsent au septième ciel des dépravés solitaires.


Rituel immuable en tout lieu où l’incoercible envie me prend, comme une dague en plein cœur de ces chairs aqueuses et mouvantes qui me trouent l’entrecuisse. Rituel quand je m’allonge à même le sol ou sur un lit, cul nu, jambes écartées, genoux pliés, nichons à l’air. Rituel quand je fais glisser mes fesses jusqu’au bord du siège, que je vire ma culotte, l’abandonnant inerte comme un large bracelet de chiffon autour de l’une de mes chevilles, et que je libère mes seins des tissus qui les cachent ou les emprisonnent. Rituel quand, ressentant une puissante fringale de décharge orgasmique, je m’assois sur les chiottes d’un lieu public ou privé, que je fais jaillir mes seins hors de leur soutien-gorge, et que je descends mon slip jusqu’en bas des pieds, le laissant là comme une entrave qui me cisaille symboliquement les malléoles tandis que je me triangule le bas du corps en m’écartelant.


Sauf quand il faut ruser. Là où il n’est pas de mise de pratiquer l’exhibition en public non consentant alors que l’irrépressible envie de se branler est là, pourtant, viscéralement plantée. Quand il me faut ruser, manœuvrer, biaiser en oblique pour avoir l’air de ne pas y toucher. Alors, assise dans le métro, le bus, une salle de conférence au milieu ou face à un auditoire, je croise les jambes en ciseaux et fais osciller mon bassin dans un imperceptible mouvement de va-et-vient qui permet aux lèvres humides de mon sourire vertical de devenir les suceuses autophages de mon clitoris dilaté. Qui remarque mon manège pense peut-être que j’ai une furieuse envie de pisser – fantasmatique télépathie qui n’est pas pour me déplaire. Puisqu’elle me permet de m’imaginer, jupe relevée, accroupie sur une table au-dessus d’une bassine en aluminium, face à celui qui a perçu le discret balancement de mon fessier, lâchant bruyamment mes urines dans le récipient métallique, sous son regard narquois et inquisiteur. Et de percevoir en mon ventre, dans le roulis de ma berceuse génitale, quelques ondes orga-sismiques, quand j’imagine qu’il m’ordonne de me placer à quatre pattes devant la cuvette pour y laper ma pisse toute chaude et odorante et qu’il me maintient là en empoignant mes cheveux, tandis qu’une bite anonyme me pilonne l’orifice rectal avec une vigueur telle que mon visage se cogne parfois au fond du récipient et que je bois la tasse en suffoquant.

Je suis née branleuse, clitoridienne, ascendant anale, sur le zodiaque parallèle des affolés du sexe. Mes partenaires transitoires ne me servent qu’à fomenter de nouvelles images pour le cinéma permanent de mes séances onanistes solitaires. Vampire goulue de la semence, je dévore leurs spermes comme autant d’élixirs de jouvence qui alimentent – perfusion vitale – mon infinie concupiscence. Les transitoires peuvent tout exiger de moi hormis mon assentiment à leurs caresses. Je veux des brutes implacables et non de fades cunnilingues. Mes seins réclament la torture et non l’effleurement. Mes trous, pour apaiser leur douloureuse tension avide, ont besoin de pilons, de bourroirs, de butoirs, de ceux qui préfèrent coulisser dans l’onctuosité de la bouche ou du cul plutôt que dans la triste évidence de la chatte. Ma chair exulte à la schlague et s’étiole au câlin. L’ultime intime caresse, celle qui fait basculer dans l’abandon de la petite mort, je suis la seule à posséder le droit de me la prodiguer, tout en apparente douceur, pour faire de mon corps exténué un océan de spasmes émancipateurs. Et alors, amadouée, passer à autre chose, peut-être, pour quelques heures. Jusqu’à ce qu’un stimulus quelconque, interne ou externe, vienne réveiller l’infernal élément projectionniste que je me suis forgé pour faire de mon cerveau le théâtre permanent de mon anéantissement symbolique et piquant.

Je suis une branleuse compulsive et j’engrange les images vécues, lues, vues, entendues ou nées de mes no man’s land, pour composer l’iconothèque de mes fantasmes d’écorchée. Ainsi, souvent, je me touche en pensant à cet homme sans visage qui m’emmène sans mot dire dans une boîte aux allures d’enfilade de caves voûtées, me déposant au vestiaire comme un vulgaire paletot, glissant un gros billet à la dame, qui me fait passer derrière le rideau des vêtements pendus en rang serré sur leurs cintres, et m’ordonne d’une voix ferme de me déshabiller entièrement. Je m’exécute rapidement et en silence et, quand je suis totalement nue, debout et immobile, elle me toise et me soupèse des yeux et des mains. Elle me tend une combinaison en vinyle noir que j’enfile pour découvrir qu’elle est faite d’une manière telle qu’elle cache la totalité de mon corps, à l’exception de mon visage, mes seins et mon cul. La dame du vestiaire me commande ensuite de me mettre à quatre pattes sur une table basse de type chariot à roulettes et, une fois que je suis en position, commence par me pincer très fort le bout des seins pour, dit-elle, qu’ils bandent bien dur, avant de passer sa main gantée de latex entre mes cuisses sous le vinyle, pour vérifier mon humidité et étaler la mouille abondante jusque dans la raie de mes fesses. Alors elle ouvre une porte donnant sur une salle peuplée d’hommes attablés comme dans un restaurant souterrain. Je comprends que je serai leur mets de choix pour la soirée, tandis qu’elle pousse mon chariot jusqu’au milieu de la pièce, me pare d’un collier de chien auquel est attachée une chaîne métallique dont elle se sert pour me forcer à maintenir la tête relevée, en la reliant, par des jeux de croisement en tension maximale, à des sangles qui m’enserrent les chevilles. Elle disparaît ensuite par là où elle est entrée, fermant derrière elle la porte à double tour.

Alors les hommes se lèvent petit à petit, venant rôder autour de moi, bite en tête et en main, me gratifiant de mots doux à mon oreille, tels que salope, pute, cochonne, sac à foutre ou vide-couilles. Le premier à m’ordonner d’ouvrir la bouche, chienne, est aussi le premier à s’y engouffrer pour la baiser sans ménagement, me faisant éructer en venant me marteler la glotte de son gland au goût de foutre montant. Grâce à la table basse, mes trous sont à bonne hauteur pour toutes ces bites avides de se soulager. Pendant que je me fais ramoner les muqueuses buccales, je sens des mains anonymes, plus ou moins rugueuses, plus ou moins douces, plus ou moins timides ou implacables, écarter mes fesses et palper mes nichons, tandis que fusent les commentaires sur mon statut de pure fosse à sperme. Les queues défilent dans ma bouche et dans mon cul, et je m’applique à les satisfaire en suffoquant d’épuisement et de satisfaction mêlés, avalant le foutre qui gicle à ma portée et nettoyant de ma langue les bites qui ont malencontreusement été polluées de merde dans mon cul de souillon. Bientôt mon visage est barbouillé de tous ces spermes qui m’ont été giclés à la gueule et, quand les hommes se sont tous vidés et éloignés, m’abandonnant à mon sort d’objet, n’en pouvant plus, je me pisse dessus de plaisir en laissant aller les spasmes grandioses de mon orgasme cosmique.

S’ils pensent vraiment me réformer de ma débauche prétendument autodestructrice en me sanglant bras et jambes au misérable lit de cette sordide chambre d’isolement, les psychiatres de cet hôpital, c’est qu’ils n’ont rien compris au film de mes visions éroticoniriques, puisqu’ils alimentent si aimablement mes fantasmes de glauque et de contention. Et ce ne sont pas non plus leurs piqûres de simili-bromure de l’âme qui m’empêcheront de jouir sans même pouvoir me toucher, moi, la branleuse magnifique, qui fais la nique à leur morale de normopathes, et qui les remercie de m’avoir ainsi involontairement appris la technique de l’orgasme spontané, par la seule force de la pensée.

Illustrations de David Gouny ©

L'adipositivité en images

adipositivity008, Substantia Jones ©

C'est un projet artistique tout nouveau, à découvrir sur le site adipositivity.com. Conduit par Substantia Jones, une photographe connue de la côte est des Etats-Unis agissant sous pseudonyme, si l'on en croit sa mini-biographie, le projet Adipositivité, ou Adipositivity Project en V.O., donne à voir un travail des plus intéressants sur le corps de la femme grosse. A l'heure où j'écris, 65 photos sont déjà visibles sur le site, la première datant du 17 juin et la dernière, d'hier, 13 juillet. Voici comment Substantia Jones présente son projet (adaptation de l'anglais par mes soins) :

Adipeux : gras, ou de nature graisseuse.

Positivité : caractère de ce qui est positif, c'est-à-dire exprimant une acceptation ou une affirmation.

MISSION :

Le Projet Adipositivité a pour objectif de promouvoir l'acceptation des personnes de forte corpulence, non pas en répertoriant les mérites de ces dernières ou en détaillant des exemples de leurs réussites (pour voir ces choses, il nous suffit de regarder autour de nous), mais plutôt en exhibant des physiques gros. De ceux que l'on ne donne normalement pas à voir.

En espérant ainsi élargir les définitions de la beauté physique. Au sens littéral.

Les photographies présentées ici sont des gros plans sur des détails de la silhouette de la femme grosse, sans jamais aucun visage. L'une des raisons de ce parti-pris est d'amener le spectateur à imaginer qu'il est en train de regarder les femmes grosses qu'il croise dans sa propre vie et ainsi, dans l'idéal, lui faire admettre qu'elles possèdent une esthétique séduisante qui, pour le meilleur ou pour le pire, se traduit souvent par des formes d'acceptation plus complètes.

Les femmes qui figurent sur ces images sont des professeurs, des chefs d'entreprise, des mères, des musiciennes, des membres de professions libérales, des artistes de la scène ou de l'image, des employées et des écrivains. Peut-être même sont-elles ces femmes dont vous vous êtes gaussé dans le métro, que vous avez scrutées au marché ou dont vous vous êtes moqué avec vos amis.

Voici à quoi elles ressemblent sans leurs vêtements.

Certaines vous montrent leur corps avec fierté. D'autres avec timidité. D'autres encore avec pas mal de réticence. Mais elles partagent toutes une même détermination : contribuer à faire évoluer les points de vue communément admis concernant l'idéal de beauté, en contrant tant son étroitesse que son manque de diversité.

Mettez adipositivity.com dans vos favoris et revenez souvent car de nouvelles photographies seront ajoutées régulièrement. Aidez à faire passer le message. Le Projet Adipositivité : pour tenter de faire changer les comportements relatifs à la valeur esthétique des femmes rondes, un gros popotin après l'autre.
adipositivity019, Substantia Jones ©

Mika : Big Girl (You Are Beautiful)


Mika, icône montante de la pop, aime les grosses et il le chante. Un clip pêchu, à consommer sans modération. :)


Les paroles et leur adaptation par votre serviteuse, pour celles et ceux d'entre vous qui seraient fâchés avec l'angliche :

Big girl, you are beautiful - Femme ronde, tu es belle

Walks in to the room - La voici qui entre

Feels like a big balloon - Se sentant comme un gros ballon

I said 'Hey girl you are beautiful' - Je lui dis 'Hey mademoiselle, tu es belle'

Diet coke and a pizza please - Elle commande un coca light et une pizza
Diet coke I’m on my knees - Un coca light, les bras m'en tombent

Screaming 'Big girl you are beautiful' - Haut et fort je lui dis 'Femme ronde, tu es belle'


You take your skinny girl - Tu peux garder ta copine
maigrichonne
I feel like I’m gonna die - Moi ça me tue
'Cause a real woman needs - Car les vraies femmes
A real man here's why - Ont besoin d'hommes vrais, voilà pourquoi
You take your girl - Tu peux garder ta copine

And multiply her by four - Et la multiplier par quatre

Now a whole lotta woman - Sachant que plus tu auras de femmes
Needs a whole lot more - Plus tu devras donner


Refrain :

Get yourself to the Butterfly Lounge - Va faire un tour au Butterfly Lounge*
Find yourself a big lady - Trouve-toi une femme ronde
Big boy come on around - Grand gars, amène-toi

And they'll be calling you baby - Là, elles s'occupe
ront bien de toi

No need to fantasize - Nul besoin de fantasmer

Since I was in my braces - Puisque j'ai mis mes bretelles

A watering hole - Une piscine
With the girls around - Entourée de filles

And curves in all the right places - Avec des courbes bien balancées

Big girls you are beautiful - Femmes rondes, vou
s êtes belles
Big girls you are beautiful
Big girls you are beautiful
Big girls you are beautiful(*) Le Butterfly Lounge est une boîte de nuit size acceptance située en Californie.

18 juin 2007

Le freak, c'est chic

Euh... moi, une déesse ?..
Street art
: David Gouny

Interpellée par Mel aujourd'hui, qui s'interroge, "cogite et cherche sa place entre les rondes et les freaks", suite à la lecture de mon blog, qu'elle analyse en ces termes, après avoir regretté l'édulcoration qui règne sur les sites de size acceptance :
Lipidineuse a une position radicalement différente. Elle se fout de plaire à Monsieur Tout le monde. Elle revendique le droit de vivre au grand jour mais dans une niche culturelle, celle des amateurs de graisse, les fat admirers. Elle assume d'être un freak aux yeux du monde, elle est une déesse chez elle. A travers son blog, elle nous propose de voir des grosses, des vraies grosses, des qui dépassent les 100 kg, pas des qui rentrent plus dans du 38 [...], au travers de regards d'artistes qui les aiment.
Mel me prévenant qu'elle espère ne pas trop trahir ma pensée, je me dois de répondre... me sentant à l'étroit dans la "niche culturelle" dans laquelle elle me place. Effusions du corps est un blog plus thématique que personnel, même s'il y a évidemment un peu de moi dedans. Un peu de moi, fragmentaire, le peu de moi qui, de loin en loin (voir la fréquence d'actualisation de ces lieux), s'intéresse à la grossitude, réfléchit quelquefois sur ses problématiques propres et donne à voir ou à lire des contenus culturellement axés graisse. Tout comme toi, Mel, je suis grosse, mais pas que. Je suis freak, mais pas que. Dans ma vie quotidienne, je n'évolue pas et n'ai jamais évolué dans les sphères de la size ou des fat admirers. La plupart des hommes que j'ai connus sexuellement m'ont désirée, non pas à cause ou en dépit de mon poids, mais parce qu'ils me trouvaient séduisante, bandante, belle, pour toutes sortes de raisons selon les circonstances. Auprès des fat admirers en particulier, je ne me suis jamais sentie "déesse", mais simplement objet d'un fantasme bien précis, actrice d'un jeu érotique comme je peux être, par ailleurs, actrice de jeux sado-masochistes, en pleine conscience et parce que j'aime souvent mieux le sexe quand il est bien épicé. Maintenant... la vie n'étant pas faite que d'érotisme, j'ai toujours eu avec mes partenaires au plus ou moins long cours des relations affectives et intellectuelles de qualité, quels que soient les fantasmes vécus ensemble. Autrement dit, les fat admirers ou les sado-maso sont ce qu'ils sont, certes, mais pas que. Le penchant sexuel ne fait pas l'individu, pas plus que le poids affiché sur la balance. Certaines personnes sont excitées à l'idée d'être chosifiées, d'autres non : c'est juste l'éternelle question de la quête du bon partenaire qui se pose, qu'on soit gros ou chétif, qu'on ait des fantasmes considérés comme tordus ou qu'on ait envie de câliner de manière plus classique. Pourtant, est-ce que celui ou celle qui repousse son/sa partenaire parce qu'il/elle a pris quelques kilos ou parce que quelque chose a changé dans son physique (comportement apparemment répandu), n'opère pas une chosification plus insidieuse et plus violente encore ? Notre rapport au corps est partout et sans cesse présent, avec sa cohorte de goûts, mais aussi de hontes et de dégoûts, qui forgent parfois des sexualités hors norme, assumées ou non. Mais ça, c'est une autre histoire.

"S'assumer". S'accepter comme on est. Je sais bien : c'est une lutte de chaque instant quand on est gros. On a souvent tendance à se dire que la vie sera tellement plus facile quand on aura maigri. Pourtant, souvent, on maigrit et rien ne change : pas moins de solitude à l'horizon, pas plus de prince charmant dans les parages, pas de meilleur boulot à la clé, etc. Si moi, comme d'autres, j'ai décidé, depuis quelques années, de faire avec mon poids, et non plus de passer mon existence à me battre contre lui, c'est parce que j'ai écumé des années de régimes délirants ou raisonnables, perdus et repris des centaines de kilos... J'ai eu envie de centrer ma vie sur d'autres choses que la bouffe, faisant confiance à mon corps : s'il s'enrobe, c'est que j'ai mes raisons, que ma raison tente de dénouer, notamment dans le cabinet du psy. S'il s'enrobe, c'est aussi parce que mes parents et mes grands-parents étaient gros, et que je ne fais pas le poids face à la génétique. S'il s'enrobe encore et toujours, enfin, n'est-ce pas justement parce que, dès l'adolescence, alors même que mes kilos à perdre étaient davantage dans ma tête que sur mes hanches, j'ai pratiqué des régimes draconiens débiles et traversé des périodes d'anorexie qui ont totalement déréglé le fonctionnement de mes cellules graisseuses ? Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, à quarante ans bien sonnés, je fais avec qui je suis et parviens même parfois à me sentir réconciliée avec moi-même. M'autoproclamer freak, c'est tout simplement une manière de faire valoir mon droit à la diversité, à la non-conformité, sans édulcoration plan-plan à sa mémère.

Car j'aime la vie dans sa diversité, avec sa palette de gens de toutes corpulences, de toutes tailles et de toutes couleurs. Evoquant la size acceptance, Mel écrit :
Pour autant qu'il soit juste, le combat a un petit air de victimisation, de droit à la réparation qui me gonfle un peu à haute dose. On nous ressert toujours que la beauté est une question subjective, qu'en d'autres temps la femme dodue était le canon de sa société. Victimes de la mode, quoi. Moi, je m'en fous un peu, à vrai dire. Je vis ici et maintenant, et je reconnais parfaitement aux autres le droit d'intégrer les normes sociales et esthétiques de leur temps. Les hommes ont le droit de trouver les minces superbes et de me trouver monstrueuse. Ce ne me fait pas plaisir tous les jours, mais c'est comme ça.
Je suis totalement d'accord sur l'aspect "gonflant" de la victimisation qui, moi aussi, me fait fuir. La suite, sur la subjectivité de la beauté, se discute : on peut être grosse et belle (voir Velvet, ci-contre, objectivement belle il me semble, qui a même suffisamment plu à John Galliano et à Jean-Paul Gaultier pour qu'ils l'enrôlent dans leurs défilés), on peut être mince et moche... Quant aux normes sociales et esthétiques, m'est avis qu'elles sont forgées par les médias omniprésents dans nos vies, à tel point que je les qualifierais même de normes socio-publicitaires. Le jour où les médias se feront le reflet de la diversité du monde, en mettant sur un pied d'égalité tout ce qu'on appelle les minorités visibles (et donc, notamment, les minces et les gros...), sans doute que les initiatives telles que les grosses dames de David Gouny (le Botero trash !) qui fleurissent dans le paysage du street art parisien depuis quelques mois ou, beaucoup plus modestement, ce blog, sembleront nettement moins étranges et dérangeantes.

Pour finir, il faut arrêter l'auto-dénigrement, hein. Les hommes ont le droit de trouver les minces superbes et de me trouver monstrueuse. Ce ne me fait pas plaisir tous les jours, mais c'est comme ça. Allons bon. Les hommes ? Tous dans le même panier ? Ca existe, ça ?... M'étonnerait. C'est comme ça ? Ben voyons. Le doute et le manque de confiance en soi ne sont pas l'apanage des femmes rondes ou grosses. C'est sans doute l'une des choses les mieux partagées au sein de la gent féminine, cette blessure de l'ego. Des histoires de filles, entretenues par les filles plus que par les hommes, généralement beaucoup plus indulgents. Hey les filles, faites-vous une fleur, posez sur vous-mêmes un regard bienveillant, pour une fois, face à vos miroirs : aimez-vous, bordel !.. en ronde ou en freak, mais sans attendre d'avoir (éventuellement) maigri. :)

Street art : David Gouny

17 juin 2007

Miss Platnum aime la bouffe... sans complexes


Jeune auteur-compositeur-interprète voluptueuse originaire de Roumanie, désormais installée à Berlin, en Allemagne, Miss Platnum vient de sortir son deuxième album, Chefa, subtil mix de sons balkans, hip hop et R’n’B. Son clip Give me the Food, dans lequel elle chante en anglais son amour de la bouffe, est un régal peuplé de rondes qui déménagent. Enjoy. ;)





Et le même titre, entre autres, en concert à Berlin :

AnA M n'en peut plus des complexes

Photographie : Stefan Schopferer ©

Découvrons ensemble AnA M, jeune chanteuse lyonnaise nouvelle venue sur la scène de la chanson française qui pétille et qui titille les tympans, voulez-vous ? Entendue brièvement lors de la présentation hier sur France 2 du programme de l'émission CD'aujourd'hui de la semaine prochaine, à laquelle elle participera le jeudi 21 juin, mon oreille gourmande a été attirée non seulement par l'énergie positive de la demoiselle, mais aussi par les paroles d'une chanson vive et malicieuse qui ne manquera pas de parler aux filles enrobées qui en ont marre de s'excuser d'être elles-mêmes :

Les Complexes

Je n'en peux plus de tous mes complexes
A qui la faute si je n'aime pas mes fesses ?
Je n'en peux plus de tous mes complexes
De boire du thé, de manger sveltesse

Je n'en peux plus
Ha ha haa
Je n'en peux plus
Ha ha haa

Je n'en peux plus des pseudo déesses
Des plastiques glacées qui envahissent la presse
Je n'en peux plus des clichés qui vexent
Sur les formes enrobées, les filles de mon espèce

Pourquoi le sucre est si bon ?
Chaque fois que j'achète de la salade
Elle pourrit dans le frigo
Quand ce sont des sucreries,
J'les engloutis dans la nuit
J'ai lu dans un magazine
Que pour ma taille, je pesais trop
Je fais encore un régime
Avec des légumes à l'eau
Du sport pour que j'élimine
Franchement c'est pas rigolo
Mais pourquoi le sucre est si bon ?

Je n'en peux plus des régimes frustrex
De voir la bouffe comme facteur de stress
Je n'en peux plus des conseils annexes
Sur la bonne attitude pour brûler les graisses

Je n'en peux plus de tous mes complexes
A qui la faute si je n'aime pas mes fesses ?
Je n'en peux plus des regards perplexes
De boire du thé, de penser fitness

© AnA M

AnA M, à découvrir sur son site officiel et son MySpace.

12 février 2007

Disponibles aussi en grandes tailles


Les clips vidéo mettant en scène des dames charnues ne sont pas légion. Celui-ci met en images un tube de l'automne-hiver dans les clubs britanniques : Skinny, par Lo-rider. Depuis sa sortie, il fait un tabac sur YouTube, entre les internautes qui s'enthousiasment de voir enfin des femmes hors des stéréotypes, ceux qui s'en offusquent (la version initiale du clip - celle présentée ci-dessous - a dû être édulcorée pour être autorisée "tout public" sur le site) et ceux qui - ça va presque sans dire - déchaînent leurs courageux quolibets anonymes.

C'est hot, sexy, plein d'humour arôme testostérone. Plutôt réconfortant, finalement, de voir qu'il n'est pas nécessaire de faire une taille 36 pour jouer les bimbos / pétasses / pouffes / ... (rayez les mentions inutiles). :)

A noter que cette vidéo est un clin d'oeil appuyé en direction d'une autre, à voir aussi pour comparer les produits : Satisfaction, par Benny Benassi.

Le progrès est en marche. Les femmes-objets sont bien disponibles aussi en grandes tailles. Qu'on se le dise. ;)

11 février 2007

"Fat culture", le retour

Photographie de Joel-Peter-Witkin ©
Alternates for Muybridge, San Francisco, 1984


Une culture de la grosseur, une fat culture ? Moi ? Je n'y crois pas un instant. Et ne la souhaite pas non plus. Une culture de la différence, oui, mais alors une différence au sens large, bien plus qu'XXL... Cette culture des freaks existe d'ailleurs déjà, depuis belle lurette, avec des gens qui, sciemment, s'exposent, aux côtés ou en marge des beaux, minces, grands, pas trop noirs de peau, histoire de montrer qu'ils présentent une esthétique intéressante, eux aussi, sans pour autant revendiquer le droit à paître avec les moutons dans les champs minés des grands médias. Est-ce que les peintres, les photographes, les romanciers, les poètes n'ont pas, de tout temps, fait à leur manière l'éloge des défauts de leurs modèles et de leurs muses, tentant collectivement de capter l'humanité dans toutes ses postures, dans tous ses débordements, dans toutes ses errances et différences ? A vrai dire, ce qu'exprime en filigrane le point de vue de Deeleigh, exposé dans l'un de mes billets précédents, me donne un peu froid dans le dos : ainsi, pour se sentir le droit d'exister individuellement quand on est hors norme, il faudrait avoir la possibilité de se voir et de se regarder dans le miroir aux alouettes des médias de masse, comme Monsieur Tout-le-monde et Madame Tout-un-chacun ; il faudrait que le hors norme entre dans la norme... Triste perspective, non ?

Et puis... qu'est-ce qui pourrait bien fédérer les gros ? Deeleigh y répond elle-même : rien. Ce qui fédère les gays, c'est quelque chose d'autrement plus lourd, culturellement parlant, qu'un paramètre physique : c'est une sexualité différente et, par conséquent, une manière différente d'aborder la séduction, qui est sans doute rien moins que ce qui régit le monde, au même rang que l'argent.

De quoi souffrent les grosses et les gros, au fond ? De ne pas plaire. Sexuellement, s'entend. En tout cas, au grand jour. Ne pas plaire sexuellement au grand jour revient, en ces temps régis par l'apparence et le regard d'autrui surmédiatisé, à ne pas plaire tout court, donc à ne pas être exposé dans les vitrines du grand capital des médias, qui ne diffusent pas ce qui pourrait rebuter le chaland lambda. Les vieux et les vieilles le savent bien, eux aussi, et ne s'en offusquent pas, ayant sans doute pour la plupart rangé au vestiaire des souvenirs leurs pulsions de séductions charnelles...

C'est vrai, il en allait de même pour les gays, il n'y a pas si longtemps, mais ils sont devenus des modèles d'esthétisme pour les jeunes hommes (et femmes) d'aujourd'hui, et sont donc devenus "vendeurs". ILS. Pas elles. En effet, à ma connaissance, il n'y a pas dans les grands médias de percée majeure des lesbiennes : le consensus se fait autour de l'esthétique de l'homosexualité masculine, autrement dit de la féminisation de l'homme (ne serait-ce que dans sa manière de prendre soin de lui et de se vouloir séduisant en toutes circonstances). Nombre de gays, d'homosexuels hommes, sont glamour. Les lesbiennes sont plutôt, souvent, aux yeux de Monsieur Tout-le-monde et Madame Tout-un-chacun, tue-l'amour, en regard des critères les mieux partagés dans nos contrées d'occident. Quand elles revendiquent leur orientation sexuelle au travers d'un look particulier, elles appartiennent au monde des freaks que j'évoquais plus haut, inventant, pour certaines d'entre elles, une esthétique subversive qui dérange l'ordre établi.

La séduction dans le monde des gros, c'est par la FA culture qu'elle passe, la culture insufflée par les Fat Admirers, ces hommes (et quelques femmes) sexuellement attirés par la pléthore de graisse. Eux seuls peuvent éventuellement fédérer quelques communautés autour de pratiques sexuelles dans lesquelles la ou le partenaire gros tient lieu d'objet de tous les désirs. Libre à chacun, ensuite, de trouver son compte ou pas dans le fait d'être sexuellement chosifié, d'entrer dans une logique de transgression, à rapprocher peut-être de celle qui régit les rapports BDSM. C'est une culture de l'intime et de l'entrecuisse reliés au cérébral, parmi tant d'autres. Elle n'a nul besoin de reconnaissance publique pour exister dans le secret des alcôves, et ceux qui veulent se rencontrer dans ce cadre particulier disposent maintenant sur Internet de bien des lieux pour le faire. Elle est là et seulement là, la FA...t culture... Le fait que les sites de size acceptance, qu'ils soient français, américains, anglais ou allemands (je ne connais pas les autres), pour peu qu'ils s'éloignent d'une ligne éditoriale axée sur la séduction, ne parviennent pas à trouver d'autres sujets à traiter que tout ce qui tourne autour de la fameuse épidémie mondiale d'obésité, le prouve bien. Entre la crudité pornographique de la plupart des sites de FA américains et le ronron-planplan-bobonne de la plupart des sites français de size, pffff, l'offre est bien pauvre pour qui, comme moi, chercherait juste à faire voir que la norme n'est pas dans les médias de masse, mais bien plutôt partout ailleurs, dans la rue, dans les hypermarchés de banlieue, dans les cafés bruyants, dans nos têtes, dans nos miroirs...

J'ai derrière moi environ trois décennies de grossitude : j'ai été tantôt juste un peu ronde, tantôt grosse, tantôt très grosse... au fil des caprices de mon corps et de son tempérament anarchique. Au cours de ces trois décennies, j'ai eu le temps de m'interroger et de répondre à quelques questions sur moi-même : s'il est vrai que je dois me sentir mieux dans un corps plus mince, pourquoi est-ce que je réintègre systématiquement un poids à trois chiffres, après avoir passé quelques mois aux alentours de "mes" 70 kilos médicalement normés ? Au fond, la réponse est simple, vous savez : tous ces kilos en trop me vont bien. Ils sont moi, à part entière. Ils font ma singularité. Je ne m'en excuse pas. Je n'ai pas besoin de les partager avec d'autres "poids lourds" pour qu'ils me semblent acceptables. Oui, je suis une freak. Je l'assume et le revendique sans tapage, juste par cette lueur dans mon regard, qui dit : Je suis comme je suis / Je suis faite comme ça... Transgressons, transgressons... Il en restera toujours quelque chose. :)

10 février 2007

A défaut de maigrir... si on chantait ?

Maigrir en chantant ?... Permettez-moi d'en douter. ;)
Mais "Maigrir" en chansons... voici deux exemples qui se laissent écouter plutôt bien. :)


Pour les filles, Une tonne, de Jeanne Cherhal :


Une année j'ai pesé une tonne
Et cette année dura mille jours
Jamais on n'avait vu d'automne
Si long et de printemps si court
Tous les jeudis au Desdemone
J'allais oublier mon corps lourd
En noyant ma large personne
Dans des bains brûlant mes pourtours
Dans la chaleur du Desdemone
J'étais sexy belle et glamour
Mais à heure fixe et monotone
Mon paradis fermait toujours
Alors je rentrais pauvre conne
Dans mon deux-pièces aveugle et sourd
Et j'allongeais ma pauvre tonne
Dans du velvet et du velours
Sur la voix de Nico Icon
De ma peau je faisais le tour
Avant de noyer ma bonbonne
Dans un gras sommeil de tambour

J'étais une tonne qui n'aimait personne

L'année suivante j'ai maigri
Puis j'ai repris 800 kilos
Que j'ai perdus presque à demi
Pour les regagner à nouveau
C'était l'époque où à midi
Je déjeunais de queue d'agneau
J'en avalais des panoplies
Et je dégueulais en sanglots
Souvent le soir un vieil ennemi
Venait m'escalader le dos
Et moi montagne blasée d'ennui
Je le laissais faire son boulot
A plat ventre sur mon grand lit
J'étais offerte à ce nabot
Il ruait je disais merci
Il jouissait je disais bravo
Quand enfin il était parti
Je me repassais ma Nico
Et dans le noir post coïti
Je consolais mon corps trop gros

J'étais une tonne qui n'aimait personne

Il y a un an, à ras de terre
J'allais énorme et sans désir
Faire des parties de solitaire
En buvant trop et sans plaisir
Dans un café presque désert
M'est apparue entre deux kirs
L'image d'un type ordinaire
Qui m'a regardée sans frémir
Comme un hélium dans mes artères
Il est entré sans prévenir
Et moi montagne blasée hier
Je me suis vue naître et mourir
Il resta et les jours passèrent
Je l'adorais à en maigrir
Plus ses mains caressaient ma chair
Plus je sentais ma tonne me fuir
Aujourd'hui mon beau mon si cher
Grâce à toi enfin je respire
Mon obésité suicidaire
N'est plus qu'un mauvais souvenir

© Jeanne Cherhal


Pour les garçons, Maigrir, de Sanseverino :



Avant, j’avais une belle peau
J’étais mince et fier, comme un pied de micro
Torse nu, pour un oui pour un non
Quand le soleil fait ses apparitions

Maigrir à tout prix
Devenir fin, élancé, rester dans les normes
Éviter les débordements
Comment devenir fin sans devenir fou ?
Comment devenir fin sans devenir fou ?

En chemise, les jours de détente
On pouvait croire que j’étais le Mike Brant
A qui tout allait, qui se souciait de rien
Je mettais du 36, ça m'allait bien

Maigrir à tout prix
Devenir fin, élancé, rester dans les normes
Éviter les débordements
Comment devenir fin sans devenir fou ?
Comment devenir fin sans devenir fou ?

J’étais fier comme un pied de micro
Brillant et creux comme un dobro
Fin comme une corde de mi
Triste comme un film de Jacques Demi
Où Catherine Deneuve fait un régime
Elle voudrait séduire Memphis Slim
Mais BB King, fou de rage,
Va s’opposer à leur mariage

Comment devenir fin sans devenir fou ?
Comment devenir fin sans devenir fou ?
Comment devenir fin sans devenir fou ?
Comment devenir fin sans devenir fou ?

Je montrais mon corps d'Apollon,
Très à l’aise dans toutes les situations
Dans les grands magasins, j’essayais des maillots de bain
Sans jamais tirer les rideaux

Maigrir à tout prix
Devenir fin, élancé, rester dans les normes
Éviter les débordements
Comment devenir fin sans devenir fou ?
Comment devenir fin sans devenir fou ?

© Sanseverino