12 février 2007

Disponibles aussi en grandes tailles


Les clips vidéo mettant en scène des dames charnues ne sont pas légion. Celui-ci met en images un tube de l'automne-hiver dans les clubs britanniques : Skinny, par Lo-rider. Depuis sa sortie, il fait un tabac sur YouTube, entre les internautes qui s'enthousiasment de voir enfin des femmes hors des stéréotypes, ceux qui s'en offusquent (la version initiale du clip - celle présentée ci-dessous - a dû être édulcorée pour être autorisée "tout public" sur le site) et ceux qui - ça va presque sans dire - déchaînent leurs courageux quolibets anonymes.

C'est hot, sexy, plein d'humour arôme testostérone. Plutôt réconfortant, finalement, de voir qu'il n'est pas nécessaire de faire une taille 36 pour jouer les bimbos / pétasses / pouffes / ... (rayez les mentions inutiles). :)

A noter que cette vidéo est un clin d'oeil appuyé en direction d'une autre, à voir aussi pour comparer les produits : Satisfaction, par Benny Benassi.

Le progrès est en marche. Les femmes-objets sont bien disponibles aussi en grandes tailles. Qu'on se le dise. ;)

11 février 2007

"Fat culture", le retour

Photographie de Joel-Peter-Witkin ©
Alternates for Muybridge, San Francisco, 1984


Une culture de la grosseur, une fat culture ? Moi ? Je n'y crois pas un instant. Et ne la souhaite pas non plus. Une culture de la différence, oui, mais alors une différence au sens large, bien plus qu'XXL... Cette culture des freaks existe d'ailleurs déjà, depuis belle lurette, avec des gens qui, sciemment, s'exposent, aux côtés ou en marge des beaux, minces, grands, pas trop noirs de peau, histoire de montrer qu'ils présentent une esthétique intéressante, eux aussi, sans pour autant revendiquer le droit à paître avec les moutons dans les champs minés des grands médias. Est-ce que les peintres, les photographes, les romanciers, les poètes n'ont pas, de tout temps, fait à leur manière l'éloge des défauts de leurs modèles et de leurs muses, tentant collectivement de capter l'humanité dans toutes ses postures, dans tous ses débordements, dans toutes ses errances et différences ? A vrai dire, ce qu'exprime en filigrane le point de vue de Deeleigh, exposé dans l'un de mes billets précédents, me donne un peu froid dans le dos : ainsi, pour se sentir le droit d'exister individuellement quand on est hors norme, il faudrait avoir la possibilité de se voir et de se regarder dans le miroir aux alouettes des médias de masse, comme Monsieur Tout-le-monde et Madame Tout-un-chacun ; il faudrait que le hors norme entre dans la norme... Triste perspective, non ?

Et puis... qu'est-ce qui pourrait bien fédérer les gros ? Deeleigh y répond elle-même : rien. Ce qui fédère les gays, c'est quelque chose d'autrement plus lourd, culturellement parlant, qu'un paramètre physique : c'est une sexualité différente et, par conséquent, une manière différente d'aborder la séduction, qui est sans doute rien moins que ce qui régit le monde, au même rang que l'argent.

De quoi souffrent les grosses et les gros, au fond ? De ne pas plaire. Sexuellement, s'entend. En tout cas, au grand jour. Ne pas plaire sexuellement au grand jour revient, en ces temps régis par l'apparence et le regard d'autrui surmédiatisé, à ne pas plaire tout court, donc à ne pas être exposé dans les vitrines du grand capital des médias, qui ne diffusent pas ce qui pourrait rebuter le chaland lambda. Les vieux et les vieilles le savent bien, eux aussi, et ne s'en offusquent pas, ayant sans doute pour la plupart rangé au vestiaire des souvenirs leurs pulsions de séductions charnelles...

C'est vrai, il en allait de même pour les gays, il n'y a pas si longtemps, mais ils sont devenus des modèles d'esthétisme pour les jeunes hommes (et femmes) d'aujourd'hui, et sont donc devenus "vendeurs". ILS. Pas elles. En effet, à ma connaissance, il n'y a pas dans les grands médias de percée majeure des lesbiennes : le consensus se fait autour de l'esthétique de l'homosexualité masculine, autrement dit de la féminisation de l'homme (ne serait-ce que dans sa manière de prendre soin de lui et de se vouloir séduisant en toutes circonstances). Nombre de gays, d'homosexuels hommes, sont glamour. Les lesbiennes sont plutôt, souvent, aux yeux de Monsieur Tout-le-monde et Madame Tout-un-chacun, tue-l'amour, en regard des critères les mieux partagés dans nos contrées d'occident. Quand elles revendiquent leur orientation sexuelle au travers d'un look particulier, elles appartiennent au monde des freaks que j'évoquais plus haut, inventant, pour certaines d'entre elles, une esthétique subversive qui dérange l'ordre établi.

La séduction dans le monde des gros, c'est par la FA culture qu'elle passe, la culture insufflée par les Fat Admirers, ces hommes (et quelques femmes) sexuellement attirés par la pléthore de graisse. Eux seuls peuvent éventuellement fédérer quelques communautés autour de pratiques sexuelles dans lesquelles la ou le partenaire gros tient lieu d'objet de tous les désirs. Libre à chacun, ensuite, de trouver son compte ou pas dans le fait d'être sexuellement chosifié, d'entrer dans une logique de transgression, à rapprocher peut-être de celle qui régit les rapports BDSM. C'est une culture de l'intime et de l'entrecuisse reliés au cérébral, parmi tant d'autres. Elle n'a nul besoin de reconnaissance publique pour exister dans le secret des alcôves, et ceux qui veulent se rencontrer dans ce cadre particulier disposent maintenant sur Internet de bien des lieux pour le faire. Elle est là et seulement là, la FA...t culture... Le fait que les sites de size acceptance, qu'ils soient français, américains, anglais ou allemands (je ne connais pas les autres), pour peu qu'ils s'éloignent d'une ligne éditoriale axée sur la séduction, ne parviennent pas à trouver d'autres sujets à traiter que tout ce qui tourne autour de la fameuse épidémie mondiale d'obésité, le prouve bien. Entre la crudité pornographique de la plupart des sites de FA américains et le ronron-planplan-bobonne de la plupart des sites français de size, pffff, l'offre est bien pauvre pour qui, comme moi, chercherait juste à faire voir que la norme n'est pas dans les médias de masse, mais bien plutôt partout ailleurs, dans la rue, dans les hypermarchés de banlieue, dans les cafés bruyants, dans nos têtes, dans nos miroirs...

J'ai derrière moi environ trois décennies de grossitude : j'ai été tantôt juste un peu ronde, tantôt grosse, tantôt très grosse... au fil des caprices de mon corps et de son tempérament anarchique. Au cours de ces trois décennies, j'ai eu le temps de m'interroger et de répondre à quelques questions sur moi-même : s'il est vrai que je dois me sentir mieux dans un corps plus mince, pourquoi est-ce que je réintègre systématiquement un poids à trois chiffres, après avoir passé quelques mois aux alentours de "mes" 70 kilos médicalement normés ? Au fond, la réponse est simple, vous savez : tous ces kilos en trop me vont bien. Ils sont moi, à part entière. Ils font ma singularité. Je ne m'en excuse pas. Je n'ai pas besoin de les partager avec d'autres "poids lourds" pour qu'ils me semblent acceptables. Oui, je suis une freak. Je l'assume et le revendique sans tapage, juste par cette lueur dans mon regard, qui dit : Je suis comme je suis / Je suis faite comme ça... Transgressons, transgressons... Il en restera toujours quelque chose. :)

10 février 2007

A défaut de maigrir... si on chantait ?

Maigrir en chantant ?... Permettez-moi d'en douter. ;)
Mais "Maigrir" en chansons... voici deux exemples qui se laissent écouter plutôt bien. :)


Pour les filles, Une tonne, de Jeanne Cherhal :


Une année j'ai pesé une tonne
Et cette année dura mille jours
Jamais on n'avait vu d'automne
Si long et de printemps si court
Tous les jeudis au Desdemone
J'allais oublier mon corps lourd
En noyant ma large personne
Dans des bains brûlant mes pourtours
Dans la chaleur du Desdemone
J'étais sexy belle et glamour
Mais à heure fixe et monotone
Mon paradis fermait toujours
Alors je rentrais pauvre conne
Dans mon deux-pièces aveugle et sourd
Et j'allongeais ma pauvre tonne
Dans du velvet et du velours
Sur la voix de Nico Icon
De ma peau je faisais le tour
Avant de noyer ma bonbonne
Dans un gras sommeil de tambour

J'étais une tonne qui n'aimait personne

L'année suivante j'ai maigri
Puis j'ai repris 800 kilos
Que j'ai perdus presque à demi
Pour les regagner à nouveau
C'était l'époque où à midi
Je déjeunais de queue d'agneau
J'en avalais des panoplies
Et je dégueulais en sanglots
Souvent le soir un vieil ennemi
Venait m'escalader le dos
Et moi montagne blasée d'ennui
Je le laissais faire son boulot
A plat ventre sur mon grand lit
J'étais offerte à ce nabot
Il ruait je disais merci
Il jouissait je disais bravo
Quand enfin il était parti
Je me repassais ma Nico
Et dans le noir post coïti
Je consolais mon corps trop gros

J'étais une tonne qui n'aimait personne

Il y a un an, à ras de terre
J'allais énorme et sans désir
Faire des parties de solitaire
En buvant trop et sans plaisir
Dans un café presque désert
M'est apparue entre deux kirs
L'image d'un type ordinaire
Qui m'a regardée sans frémir
Comme un hélium dans mes artères
Il est entré sans prévenir
Et moi montagne blasée hier
Je me suis vue naître et mourir
Il resta et les jours passèrent
Je l'adorais à en maigrir
Plus ses mains caressaient ma chair
Plus je sentais ma tonne me fuir
Aujourd'hui mon beau mon si cher
Grâce à toi enfin je respire
Mon obésité suicidaire
N'est plus qu'un mauvais souvenir

© Jeanne Cherhal


Pour les garçons, Maigrir, de Sanseverino :



Avant, j’avais une belle peau
J’étais mince et fier, comme un pied de micro
Torse nu, pour un oui pour un non
Quand le soleil fait ses apparitions

Maigrir à tout prix
Devenir fin, élancé, rester dans les normes
Éviter les débordements
Comment devenir fin sans devenir fou ?
Comment devenir fin sans devenir fou ?

En chemise, les jours de détente
On pouvait croire que j’étais le Mike Brant
A qui tout allait, qui se souciait de rien
Je mettais du 36, ça m'allait bien

Maigrir à tout prix
Devenir fin, élancé, rester dans les normes
Éviter les débordements
Comment devenir fin sans devenir fou ?
Comment devenir fin sans devenir fou ?

J’étais fier comme un pied de micro
Brillant et creux comme un dobro
Fin comme une corde de mi
Triste comme un film de Jacques Demi
Où Catherine Deneuve fait un régime
Elle voudrait séduire Memphis Slim
Mais BB King, fou de rage,
Va s’opposer à leur mariage

Comment devenir fin sans devenir fou ?
Comment devenir fin sans devenir fou ?
Comment devenir fin sans devenir fou ?
Comment devenir fin sans devenir fou ?

Je montrais mon corps d'Apollon,
Très à l’aise dans toutes les situations
Dans les grands magasins, j’essayais des maillots de bain
Sans jamais tirer les rideaux

Maigrir à tout prix
Devenir fin, élancé, rester dans les normes
Éviter les débordements
Comment devenir fin sans devenir fou ?
Comment devenir fin sans devenir fou ?

© Sanseverino